Mai

“Le métier de dév, je ne savais pas vraiment ce que c’était, c’était très flou pour moi.”

HR a toujours eu une certitude : elle a un profil scientifique. Passionnée par les mathématiques au lycée, elle décide de poursuivre dans cette voie à la fac. Puis, forcée de choisir une seconde spécialité, elle opte pour l’informatique, un peu par hasard. 

“Pour moi, il n’y avait que les maths qui comptaient. Et puis on m’a conseillé de prendre l’informatique pour compléter. Ça a bien collé alors que je me suis lancée là- dedans. A l’époque, le métier de développeur était encore très flou pour moi, mais ça m’attirait”. 

Même s’il tend à être de plus en plus sous le feu des projecteurs, le quotidien du développeur reste encore pour toute une partie de la population très opaque. Combien de fois avez-vous entendu dire “oui en fait tu développes des sites internet !” ?! Très réductrice, cette formule est symptomatique d’un manque d’éducation d’une partie de la population aux nouvelles technologies. 

En effet, selon une étude de CA Technologies réalisée à l’occasion de la journée mondiale des programmeurs en 2018 auprès de plus 1000 “Millenials” (18-34 ans), si 84% des Millenials interrogés ont déjà entendu parler de la profession de développeur informatique, ils ne sont que 26% à déclarer la “connaître parfaitement”. A cela s’ajoute une forte disparité entre les hommes et les femmes, avec 38% des hommes déclarant savoir parfaitement en quoi consiste ce métier, contre seulement 15% des femmes.

 

“On se dit que ce n’est pas un métier de femme.”

Au manque de connaissance sur le secteur s’ajoutent les préjugés, qui restent encore très ancrés. Quand on l’interroge sur le manque de femme dans l’IT, HR répond ceci :

“Dans la société on se dit peut-être que ce n’est pas un “métier de femme”. Je me rends compte que je me suis moi même déjà dit que ce n’était pas un métier de femmes, alors que je ne me suis jamais dit que ce n’était pas un métier pour moi. Notre société et notre culture nous façonnent comme ça, mais il faudrait que ça change.”

“On m’a dit que j’étais l’embauche de confort.” 

Un nombre grandissant de clients, soucieux d’équilibrer le nombre d’hommes et de femmes dans leurs équipes, tente de résoudre le problème dans sa stratégie de recrutement. 

En effet, certains client déclarent aujourd’hui chercher spécifiquement une femme pour tel ou tel poste. Sous couvert de proner plus de mixité dans l’équipe, on peut tout de même se poser la question suivante : est-ce que recruter à tout prix une femme dans une équipe valorise en fin de compte l’intégration de la gente féminine dans le secteur ? 

HR nous explique qu’elle a été, elle aussi, confrontée à plusieurs situations dans lesquelles son statut de femme a favorisé son recrutement.  

Chez l’un de mes anciens clients, j’ai été recrutée parce que j’étais une femme. Ils me l’ont clairement dit. Le fait que je sois une femme a fait pencher la balance vers moi plutôt que vers les autres candidats qui étaient des hommes. Alors dans ce cas précis, c’est un avantage certes, mais ça a aussi été une vraie remise en question pour moi. J’aurais aimé n’être jugée que sur mes compétences”. 

Cette discrimination positive peut parfois mener à des situations dans lesquelles les compétences et la légitimité des femmes sont remises en question. 

“Lors de ma seconde expérience, on a ouvert un poste spécialement pour moi. On m’a par la suite appelée “l’embauche de confort”. J’entendais des bruits de couloir disant que je ne servais à rien. J’ai dû ensuite me battre pour trouver ma place et prouver mon efficacité.”

“J’ai déjà été dans des situations à la limite du #metoo” 

La tech ne fait pas exception, le domaine est lui aussi en proie au sexisme. Déjà sur les bancs de l’école, on dénonce la “bro-culture” : en 2017, une étude de l’association Social Builder révélait que, dans les formations tech, 7 femmes sur 10 déclarent avoir été l’objet d’agissements sexistes. 

A son échelle, HR a également eu à faire face à des comportements sexistes :

“A l’époque où j’étais Cheffe de projet, j’avais un client qui m’appelait “ma puce”. Quand l’un de tes clients te dit ce genre de choses très déplacées, tu le prends mal mais tu ne dis rien. Tu n’oses pas recadrer ton client dans un cadre professionnel.”

Avec les récents mouvements qui prennent de l’ampleur, on parvient de plus en plus à mettre des mots sur ces situations qui peuvent saper la confiance en elles des femmes. 

“Sur mon dernier projet, j’ai été recruté uniquement sur mon CV. Je n’ai pas passé d’entretien alors que mes collègues masculins eux en ont passé. Tu peux clairement perdre confiance en toi, parce que tu te dis que tu es là juste parce que tu es une fille et que tes compétences ne servent à rien. Tu finis par voir le mal partout.”. 

“J’aime mon métier, je me sens bien dans ce que je fais.”

Malgré les galères, HR est passionnée par son métier. Elle explique que son fort tempérament et sa nature à ne pas se laisser faire l’a beaucoup aidé à s’accrocher dans ce milieu encore très masculin.

“Je ne me laisse pas faire, c’est dans ma nature. Mais ça ne devrait pas être un pré-requis pour s’en sortir dans la tech en tant que femme. Moi je sais que si j’avais pas eu ce tempérament, j’aurais peut-être arrêté.”

Elle espère que les femmes pourront dans le futur ne pas avoir à changer leur façon d’être pour s’imposer.

 

Le conseil de HR : 

“Il faut s’accrocher, bien avoir confiance en soi et ne pas se laisser faire !”

 

HR & Mathilde DUCROCQ

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