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Du Maroc à Lyon en passant par Brest, Siham a voyagé au gré de ses expériences, dont le fil rouge est la technique !

“Avoir un métier technique, ça a toujours été une évidence pour moi !”

Siham découvre l’informatique en Licence, alors qu’elle suit un cursus Mathématiques / Informatique. Rapidement passionnée, elle enchaîne ensuite avec un Master en Technologies d’Information et Ingénierie du Logiciel, réalisé à Brest. 

Très pragmatique dans son approche, Siham a toujours su qu’elle aurait besoin de technicité dans son métier pour s’épanouir.   

“Si je n’avais pas été dév, j’aurais quand même été dans une autre filière d’ingénierie. Je suis passionnée par la recherche mathématique par exemple. J’aurais peut-être rejoint des filières de recherche ou alors un cursus d’architecte. J’ai besoin d’avoir une certaine forme de technicité dans mon métier.”

Actuellement en mission pour l’un de nos clients lyonnais, elle est développeuse full stack JAVA/ANGULAR. Ce qui l’intéresse le plus dans le métier : la dimension très technique des sujets de performance par exemple. 

 

“Les femmes n’osent pas s’orienter vers la Tech !”

Siham a rapidement fait le constat que ces filières techniques étaient très peu empruntées par les étudiantes. Elle a eu l’habitude d’être la seule fille en salle de TD par exemple. Cette tendance s’est logiquement confirmée lorsqu’elle est entrée dans le monde du travail. 

“J’ai vraiment pleinement pris conscience du manque de femmes dans mon domaine quand j’ai rejoint ma première ESN. J’étais une des seules femmes de ma boîte. Et parmi ces femmes, beaucoup étaient côté fonctionnel, très peu sur la partie technique.” 

Jusqu’à aujourd’hui, Siham a toujours été la seule femme développeuse au sein des différentes équipes qu’elle a intégrées. Elle est aujourd’hui la seule dans une équipe de 12 développeurs ! 

Pour elle, les femmes n’osent pas s’orienter vers l’IT à cause de l’image qui colle à cette filière. 

“On entend beaucoup de choses sur le domaine, beaucoup de stéréotypes aussi. Par exemple, la réputation du dév c’est d’être un “geek”. D’ailleurs on m’a déjà fait cette réflexion. Les filles n’aiment pas être classées dans cette case.”

 

“Vous avez déjà vu des femmes Tech Lead vous ?!”

Cette question pousse à réfléchir car peu de personnes pourront y répondre par la positive. Mais alors pourquoi les femmes sont-elles si absentes de ces postes à responsabilités ? 

L’une des raisons est bien sûr le manque général de femmes dans cette filière, se répercutant ainsi sur chacun des rôles dans l’IT.  Siham estime aussi que l’une des barrières réside dans la difficulté de s’imposer en tant que femme Tech Lead.

“On a plus l’habitude de voir des hommes, on est formatés. C’est difficile de changer ses habitudes. C’est plus difficile de s’imposer, non pas par sexisme je pense, mais parce que l’habitude est très ancrée.”

 

Autre constat intéressant, comme le souligne Siham, les femmes dans l’IT s’orientent souvent vers des professions plus fonctionnelles, après un éventuel début de carrière technique. On observe d’ailleurs que plus on monte dans la hiérarchie, moins les femmes sont représentées. Pour parler chiffres, seuls 9% des CTO sont des femmes en 2019 (Gartner Research). Ironique quand on sait que l’on doit le premier programme informatique à une femme, Ada Lovelace, en 1843. 

De son côté, Siham voit cela comme un challenge qu’elle a envie de relever. Elle souhaite évoluer vers un rôle de Tech Lead d’ici quelques années.  

“Malgré les quelques femmes que j’ai rencontrées dans le domaine, je n’ai jamais vu de Tech Lead femme ! J’ai envie de relever le défi, de me prouver à moi-même que c’est possible ! J’ai envie de me dire que finalement, ce n’est pas impossible d’être tech lead en tant que femme !”

 

“L’écart de salaire, c’est encore un sujet tabou !”

Même si les inégalités salariales tendent à se réduire ces dernières années, elles persistent tout de même, même dans la Tech. En 2018, la rémunération médiane des hommes cadres était 16% supérieure à celle des femmes. Un écart de 8% subsiste si l’on compare les rémunérations à poste égal. Le secteur de l’informatique s’avère être un meilleur élève, avec un écart de pour la population totale des cadres et 5% à profil identique (d’après une étude APEC publiée en 2020).  

Interrogée sur le sujet, Siham explique n’avoir jamais directement fait face à une situation d’inégalité salariale. En revanche, elle trouve des explications à ces inégalités. 

“Les hommes sont plus concentrés sur le travail. C’est généralement les femmes qui prennent des congés parentaux par exemple. Ces mois d’interruption, c’est déjà une perte d’une partie des compétences. On perd de la valeur sur le marché. C’est l’une des raisons pour lesquelles on arrive moins à trouver notre place. Il y a même parfois des recruteurs qui demandent si on souhaite avoir des enfants ou si on planifie une grossesse dans les prochains mois …”

 

Pour lutter contre ce phénomène, il faut d’abord changer les mœurs les plus ancrées, comme celle des congés parentaux. Selon une étude de l’OCDE menée en 2016, 96% des congés parentaux sont pris par les mères. Une situation en partie liée aux différences de salaires entre les hommes et les femmes. 

“ Par exemple, il faudrait banaliser le fait qu’un homme prenne un congé parental. Je pense aussi que les femmes doivent être plus rebelles. Elles doivent refuser ces salaires plus bas !”

Notons tout de même une avancée récente sur le sujet, puisque le congé paternité sera allongé de 14 à 28 jours à partir de Juillet 2021. 

 

Le conseil de Siham :

“Ce que je peux conseiller c’est surtout de ne pas se décourager, de ne pas baisser les bras. De ne jamais se dire “parce que je suis une femme, je n’y arriverai pas” ! Si on y met de la bonne volonté, on trouvera toujours quelqu’un pour nous pousser vers le haut.”

 

Siham AQQAOUI & Mathilde DUCROCQ

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