Une étude publiée par ReportBuyer prévoit que le marché mondial des services de l’open source passera de 11,4 milliards de dollars en 2017 à 27 milliards en 2022, avec une croissance annuelle de 23,65%. Cet engouement s’observe notamment chez de grands noms de l’informatique, qui y investissent de manière de plus en plus importante. Google, Facebook, IBM, Intel et, peut-être plus surprenant, Microsoft, sont aujourd’hui des acteurs de cet essor.

Pour rappel, la désignation open source garantie quatre libertés à l’utilisateur :

1. Utiliser le logiciel comme bon lui semble
2. Avoir la possibilité de modifier le logiciel
3. Pouvoir distribuer le logiciel
4. Pouvoir distribuer une version modifiée du logiciel

Les points 2 et 4 notamment, encouragent l’entraide entre développeurs et participent au développement de communautés.

Cette façon de concevoir offre plusieurs avantages par rapport aux logiciels propriétaires. Elle permet tout d’abord d’avoir un logiciel plus flexible car chacun peut l’adapter à son environnement. De plus, les bugs sont décelés et corrigés plus rapidement sans forcément attendre une intervention de l’auteur, le logiciel étant analysé par davantage de développeurs. Cette communauté de développeurs permet également une meilleure sécurité et rend la technologie plus pérenne que les logiciels propriétaires dont la durée de vie dépend de son auteur.

Le libre a fait naitre de grands succès tels qu’Ubuntu, Mozilla Firefox, Audacity, VLC et bien d’autres encore. Beaucoup d’outils informatiques sont également open source : Eclipse, Symfony, Selenium, Cucumber…

La croissance de l’open source mis en lumière par ReportBuyer est notamment visible dans le secteur des entreprises IT, qui pour certaines, n’hésitent pas à opérer des changements profonds pour en devenir un acteur majeur.

C’est le cas d’une entreprise très influente dans le monde de l’informatique et très controversée dans le monde de l’open source : Microsoft. Après les propos de Steve Balmer qui affirmait que « Linux est un cancer » dans un entretien donné au Chicago Sun-Times le 1er juin 2001, l’investissement de Microsoft ces dernières années dans l’open source peut surprendre. Mais Satya Nadella, actuel PDG de la société, a fait évoluer sa position.

Aujourd’hui, l’entreprise comprenant le plus de contributeurs open source n’est autre que Microsoft. Pour y parvenir, la société a multiplié ses efforts ces dernières années. Parmi les actions mises en place :

– L’ouverture de Microsoft Azure à l’open source. Un quart des machines virtuelles Azure fonctionnent aujourd’hui sur Linux et proposent un grand nombre d’outils open source.
– Le passage de certains outils sous licence libre (la plateforme .NET, le moteur JavaScript Chakra, Visual Studio Code …).
– Le rachat de GitHub, grand hébergeur de projets libres.
– Le 11 octobre dernier, Microsoft rejoint l’Open Invention Network, un fonds de propriété intellectuelle créé en 2005 qui a pour bit d’acheter des brevets pour les mettre à disposition des développeurs open source, et libère 60 000 brevets concernant Linux.

La question qui vient naturellement en observant ces changements est : pourquoi ?

Tout d’abord, l’open source permet à l’entreprise de se rendre plus visible des développeurs. En effet, les projets open source la mettent en lumière au sein des communautés et renforcent sa position de leader d’opinion. Cela lui permet également d’améliorer sa crédibilité pour recruter les meilleurs éléments au sein de ces communautés.

Enfin, l’open source offre un avantage dans la R&D. L’aspect communautaire offre un rythme d’innovation plus soutenu. Et le coût de ces développements est de plus mutualisé avec d’autres contributeurs.

De plus en plus d’entreprises se tournent vers des solutions open source. En effet, le contrôle total qu’offre ces logiciels rendant leur code source visible les incite à opter pour des solutions libres. Si Microsoft veut pouvoir répondre aux besoins de ces entreprises, alors faire directement partie de ce mouvement semble être le meilleur choix. Ainsi, si un client souhaite travailler avec un système Linux, une base de données MySQL, … Microsoft a désormais les moyens de satisfaire ses besoins grâce aux plateformes IaaS (Infrastructure as a Service) d’Azure.

Cette tendance n’est pas près de faiblir chez le géant Américain. Microsoft concentre sa croissance sur son cloud, qui rappelons-le intègre des outils libres. D’après les chiffres de Campany report, la branche Microsoft Azure atteint cette année une croissance annuelle de 89%, devant le service Dynamics 365 et Gaming qui affichent un taux de croissance respectif de 61% et 39%.

Ce mouvement laisse entrevoir une société dans laquelle la connaissance est de plus en plus partagée. Un concept qui dépasse aujourd’hui l’informatique et s’étend à une multitude de domaines. En effet, on trouve aujourd’hui des plans de construction open source de meubles, de voitures, ou, plus inquiétant, d’armes à feux via des imprimantes 3D, qui peuvent faire poser des questions sur les limites du libre.

Prosper De Laure