Avr

C’est avec beaucoup d’impatience que j’attendais le début de la Devoxx 2023 – une première pour ma part. Autant dire que je n’ai pas été déçu ! Je vous propose de retracer le récit de ces trois jours intenses à travers ce petit carnet de bord.

Mercredi

Arrivé sur les lieux avec un peu d’avance, je prends le petit déjeuner et fais un peu de repérage. Vers 8h45, les stands sont déjà bien animés et les allées de l’espace exposition bien remplies.

Sans trop tarder je me mets en quête de la salle du premier événement sur lequel j’ai jeté mon dévolu : le hands-on lab “De la Terre à la Lune (et au-delà) avec NestJS”. Quoi de mieux pour commencer que de mettre les mains dans le cambouis !

Dans une petite salle d’une vingtaine de personnes, durant trois heures, Nicolas Berthaud et Olivier Dangréaux nous initient aux concepts de NestJS, framework back-end Node inspiré d’Angular et de Spring boot (respectivement pour l’architecture et la syntaxe), à travers la réalisation d’une API de réservation de voyages interplanétaires.

Après cet atelier très enrichissant, place à la pause déjeuner. Non sans quelques accrocs, l’organisation ayant eu visiblement quelques soucis à approvisionner équitablement en sandwichs les différents espaces restauration du salon – ce sera heureusement la seule fausse note de la journée.

C’est aussi l’occasion de retrouver les autres Kaïbers : Lionel, Karl, ainsi que Marvin, notre Tech Advisor, qui participe au stand “Un job à Nantes”.

Après quelques échanges et un petit quizz de culture générale, il est déjà l’heure d’aller prendre position pour la prochaine conférence : le temps passe vite à la Devoxx !

Nous prenons donc place avec Lionel en salle Maillot pour une conférence “University” sur un sujet qui nous passionne : “Comprendre et utiliser les modèles de langage d’IA”. Nous ne serons pas déçus : le data scientist Sébastien Collet mène avec brio, durant ces trois heures, une présentation passionnante et foisonnante de détails.

A travers un historique de l’évolution de ces modèles de langage depuis 2018 et l’apparition du premier GPT, Sébastien nous présente les principes qui les régissent et les évolutions successives dans le domaine, tout en faisant le lien avec des cas d’utilisation concerts qu’il a eu à traiter pour un moteur de recherche d’entreprises par mots clés. Nous poursuivons notre odyssée avec l’évolution vers le génératif puis vers les interactions avec l’utilisateur sous forme de conversation telles qu’on les connaît aujourd’hui, avec les nouvelles possibilités et les problématiques que cela implique. Enfin nous terminons sur les usages actuels et à venir de ces modèles face à l’engouement qu’ils connaissent actuellement.

Puis nous reprenons chacun notre chemin, non sans un petit échange avec notre hôte.

Pour ma part la prochaine destination sera de nouveau sous le signe du Javascript backend, avec “Node JS : patterns et outils pour partir en production sereinement”. La présentation sera au format “Tools in action”, d’une demi-heure, tout comme les autres conférences de ce mercredi après-midi.

C’est avec beaucoup d’humour qu’Alexandre Victoor nous partage les problèmes et les “murs” rencontrés dans son utilisation de Node.js, en donnant des astuces utiles pour y faire face. Il ne manquera d’ailleurs pas de nous teaser la conférence suivante, animée par son collègue Jordane Grenat.

Je retrouve donc ce dernier dans une autre salle pour “Avec Zod, luttez contre l’any-gration à vos frontières”. Une présentation très concrète d’une librairie qui nous protège des bugs qui surviennent aux frontières de l’application, grâce à de la validation de schémas avec inférence de type statique.

Enfin, je termine la journée avec une présentation d’Unpoly, une librairie JS qui adresse de manière astucieuse la plupart des inconvénients inhérents au rendu côté serveur. La librairie prend la forme d’un petit script qui apporte 25 attributs HTML permettant notamment de fluidifier la navigation ou de faciliter la gestion des formulaires, pour aboutir à une expérience proche d’une Single Page Application. La présentation est menée avec passion par Estéban Soubiran.

C’est donc la tête bien remplie que nous quittons le salon en attendant une journée de jeudi qui s’annonce très riche elle aussi !

Jeudi

Pour ce second jour de Devoxx, la journée commence au stand “Un job à Nantes”, notre point de ralliement, où je retrouve Lionel. Les visiteurs sont bien plus nombreux, si bien que la conférence que nous visons initialement est déjà complète… Tant pis, nous la verrons en replay. En attendant, nous nous rabattons sur une présentation autour des modèles de génération text to image.

J’enchaîne ensuite sur la conférence “Retour aux sources” sur le cache HTTP, présentée avec beaucoup de talent et d’humour par Hubert Sablonnière, qui file la métaphore avec le métro parisien. En effet, dans le monde du cache, nombreuses sont les stations intermédiaires entre le client et le serveur.

Démonstrations à l’appui, notre hôte nous guide à travers les nombreuses en-têtes aux noms parfois trompeurs et les différents niveaux de cache.

Puis le temps de retrouver les Kaïbers et d’engloutir un sandwich et c’est déjà l’heure du quickie “Tous architectes”. En un quart d’heure, Simon Maurin, lead architect chez Leboncoin, retrace l’évolution type en matière de prise de décisions d’architecture dans une organisation qui grandit. Il rappelle ainsi les principaux écueils traditionnels dans une grande organisation (validation gate, bottleneck) et propose d’y remédier en remettant l’architecture dans les mains de tous, notamment grâce à des outils comme l’Architecture Decision Record et des rôles de contributeurs individuels.

J’enchaîne ensuite très rapidement avec une conférence au titre évocateur : “Savez-vous vraiment comment fonctionne Git ?”. Une présentation très enrichissante qui permet de bien comprendre comment fonctionne sous le capot cet outil qui est bien souvent appris sur le tas par les développeurs.

Suivant la métaphore de l’oignon, Sébastien Lecacheur présente git couche par couche en partant de son cœur, qui est une simple map de persistance, en expliquant ce qu’est exactement un commit, une branche, ou encore le head. Il présente également de manière très ludique comment fonctionnent des opérations comme le merge ou le rebase.

Après cet enchaînement, je décide de faire un break pendant le prochain créneau. Je retrouve un collègue de mission et nous faisons le tour de quelques stands à la découverte d’outils comme l’application de monitoring New Relic (alternative à Datadog) ou encore Gravity, outil pour générer des tests automatisés boosté par l’IA.

Le temps passe vite, il est temps de prendre un peu de CSS avec une superbe présentation tout en humour par Raphael Goetter, le créateur d’Alsa Créations.

Le CSS évolue très vite : des 50 propriétés initiales, nous en sommes désormais à 559. Partant de ce constat, notre hôte nous propose une petite sélection, en commençant par une quinzaine de nouveautés utiles déjà utilisables en production. Puis place à un petit “CSS 1 Quiz”, clin d’œil au célèbre jeu télévisé présenté par Alain Chabat. Enfin, on finit par une sélection de nouveautés prometteuses dont le support par les navigateurs n’est pas encore suffisant.

La présentation suivante, “How to use GPT in your projects: A Case Study, passionnante et édifiante, sera présentée en anglais et avec beaucoup d’énergie par le fondateur de Devoxx, Stephan Janssen. Après un état des lieux du domaine, il montre comment il a tiré profit de GPT comme assistant pour l’organisation de la conférence.

Petite surprise au beau milieu de la présentation : tout à coup une vidéo deep-fake d’Antonio Goncalves (un des fondateurs de Devoxx France, présent dans la salle) apparaît à l’écran pour nous énoncer un résumé de la première partie de la conférence – le tout évidemment généré en direct grâce à script utilisant l’api GPT couplée à un outil de reconnaissance vocale, tout comme les sous-titres français en simultané.

Notre hôte est très enthousiaste et optimiste quant à l’évolution du domaine, malgré des interrogations légitimes quant à l’impact sur la société humaine notamment via le bouleversement de certains métiers.

Nous échangerons quelques mots dans le couloir à la fin de la conférence, notamment au sujet de l’optimisation des performances (avec l’apparition de modèles utilisables localement) et de la place des outils open-source dans le domaine, mais également sur les évolutions possibles et le côté “boîte noire” de ces outils.

C’est donc avec un peu de retard que j’enchaîne sur “Créer ma première extension VS Code en 25 minutes chrono”, présentation très instructive et ludique menée par Sébastien Blanc, qui nous propose un aperçu des possibilités en la matière via une séance de live coding, tout d’abord avec une extension basique qui affiche des blagues de Chuck Norris, puis dans un registre plus sérieux, l’affichage d’une liste de bases de données dans une vue dédiée.

Sur le créneau suivant, dans “JavaScript Generators — Cas pratiques d’utilisation”, Héla Ben Khalfallah, adepte passionnée du JS, nous relate le cheminement qui, partant d’un problème concret, l’a amenée vers la découverte de ces fonctions quelque peu “magiques”, dont on peut contrôler l’exécution – un aspect méconnu mais puissant de ce langage.

Il est déjà 19h et l’ambiance du salon change quelque peu pour devenir très décontractée, car ce jeudi soir c’est la nocturne de la Devoxx, la fameuse soirée Meet-and-Greet. On mange un morceau et on discute entre Kaïbers.

Après des échanges passionnés, je me dirige vers la petite salle où se déroulera le BOF (Bird of a Feather) autour de Typescript. Dans un cadre un peu plus informel que les conférences de la journée, nous nous retrouvons entre utilisateurs de ce langage, autour de Sylvain Pontoreau, auteur du livre « TypeScript Notions Fondamentales ». Nous échangeons sur les dernières nouveautés du langage, qui concernent de plus en plus des cas d’utilisation très spécifiques et rares.

Lorsque je quitte le salon vers 21h, l’ambiance est encore bien festive sur quelques stands, pendant qu’une jam session bat son plein dans la salle Maillot.

Vendredi

Pour le troisième et dernier jour, nous commençons avec Lionel par un petit tour de quelques stands. Nous nous arrêtons un bon moment devant les ordinosaures présentés par le magazine Programmez!.

C’est avec beaucoup de nostalgie que nous retrouvons des machines comme le Commodore 64 (sur lequel j’ai écrit mes premières lignes de code) ou encore l’Amiga 500.

L’occasion de discuter avec les animateurs du stand de quelques détails de conception de ces machines, mais aussi de se souvenir des souris à boule que nous ne regrettons vraiment pas !

J’opte ensuite pour un atelier hands-on sur Remix, le meta-framework basé sur React et les standards du web, qui permet d’écrire dans un même fichier le code back-end et front-end. Adopté par Shopify, ce produit semble voué à s’établir dans la durée dans un écosystème JS parfois volatile. Un outil qui s’inscrit dans le retour en grâce du rendu côté serveur, après des années de règne de Single Page Application.

Au cours des trois heures suivantes, nous construisons une application de gestion de playlist. Les différentes étapes du développement nous permettent d’avoir un aperçu des points forts du framework.

Puis je rejoins la conférence “Le futur du web est sur la périphérie du réseau”, au cours de laquelle Julien Sulpis nous présentera, données à l’appui, les avantages des Edge Functions, consistant à exécuter le code serveur au plus près de l’utilisateur, à coupler avec l’utilisation du cache pour des performances optimales. On abordera aussi le stockage sur le réseau périphérique, pour des données légères comme des fichiers de configuration.

Commençant à entrevoir la fin de la Devoxx, je ne voudrais pas perdre une miette de ce boost dans la veille technique dont j’ai pu bénéficier durant ces trois jours. C’est donc naturellement que je me dirige vers la présentation “Voyage au centre de la Veille : Apprendre en continu avec sa veille technologique”. Celle-ci se déroule dans l’Amphi Bleu, la plus grande salle de la conférence. Le public est au rendez-vous, et ne sera pas déçu.

En effet, Fabien Hiegel et David Franck proposeront une présentation menée avec brio, où ils livreront de nombreux conseils sur la veille technique : comment sourcer, traiter et valoriser sa veille, gérer son énergie et son temps, créer de nouvelles habitudes. La présentation sera riche en références bibliographiques et en recommandations d’outils et de méthodes. Elle s’achèvera avec une liste de conseils simples, pour commencer immédiatement.

Nous nous retrouvons entre Kaïbers au stand “Un job à Nantes” pour le dernier coffee break de ce cru 2023.

Puis en guise de baroud d’honneur, nous assistons à la présentation “Tour d’horizon de la gestion de la concurrence dans différents langages” qui compare le traitement de ce sujet dans des langages aussi variés que Java, Golang, JS et Rust.

Enfin, après quelques derniers échanges passionnés, c’est la tête bien remplie et des étoiles plein les yeux que nous quittons donc le Palais des Congrès.

Pour ma part, le bilan de cette première Devoxx a dépassé toutes mes espérances, avec ce foisonnement de présentations de différents formats et d’ateliers, de rencontres, de débats, de découvertes. On peut seulement regretter les choix parfois difficiles à faire entre plusieurs conférences. Heureusement, la plupart devraient être disponibles en replay par la suite.

Hâte de réitérer l’expérience !

Michel Szczesny

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